jeudi 6 novembre 2014

Eloge des choses extrêmement légères


Un léger tremblement

Un peu de brume de chaleur    la brume juste avant la brume     Un tout petit tremblement     lente respiration de l’espace     léger souffle de l’horizon     à travers une fenêtre ancienne     verre épais à très gros grain     un paysage un peu brouillé

La douceur du feu de bois au crépuscule
quand on l’a allumé il y a déjà longtemps
La chambre est réchauffée     le gros bois a brûlé
mais on a bien le temps de remettre des bûches

Dans le quatuor le mouvement lent   Un chant
de bonheur suspendu   Une mélancolie qui sourit
L’archet hésite et ralentit encore parce qu’il sait qu’à la fin
le cœur aurait voulu qu’il n’y ait pas de fin

Ou la fauvette   après l’ondée qui a tout fait reluire
son chant léger   qui dit merci à la très brève pluie
d’avoir rafraîchi l’air sans avoir tout trempé

Et parfois la douceur qui passe une main douce
sur le front de celui qui ne l’attendait pas

Claude Roy

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